Bad girl

De Nancy Huston.
Editions Actes sud - publié en octobre 2014 - 20 €

Nancy Huston parle au fœtus qu’elle fût ! «Barjot», direz-vous ? Elle a de qui tenir, son arrière grand-père lui l’était !
Mais il ne s’agit pas ici de folie... Non, pas vraiment...

Nancy Huston, nous offre un voyage au cœur de l’intime.
«Nous ne tombons pas du ciel, mais poussons sur un arbre généalogique...» écrit-elle.
Il en faut une sacrée résilience pour apprivoiser ce qui fût, oser regarder d’où l’on vient. «Bravo», direz-vous sans doute après lecture !
Le style rapide, épuré, vous envoûte. Un sujet, un verbe, un complément est l’émotion paraît.

Bravo à cette auteure, franco-canadienne qui a à son actif moult essais, pièces de théâtre et pas moins de 12 romans. Le dernier en date, Bad Girl frise l’autobiographie...
Nancy Huston y glisse le nectar de ses propres «mentors»...
Par exemple, Daniel Kahneman, lauréat du prix Nobel et précurseur de l'économie comportementale, «même des événements qui changent l’histoire de personnes déjà mortes peuvent nous émouvoir profondément.»
Elle suggère plutôt qu’affirme, cite plus qu’argumente. Elle nous entraîne en terrain savant, commettant ainsi exemple Bessel van der Kolk, éminent spécialiste des traumatismes :
«Il dit que le but de l’émotion est la motion, le mouvement : nous rapprocher ou nous éloigner les uns des autres.
Il dit que le cerveau est l’organe qui fait bouger les muscles. Accessoirement il peut certes avoir d’autres fonctions mais pour l’essentiel le but de la vie est de bouger.
Il dit que le trauma vous conduit à perdre toute motivation, donc tout affect, et vous paralyse.
Il dit que le nerf vagal relie le cerveau, le cœur et les tripes.
Il traite d’aberrante la notion freudienne selon laquelle parler de son trauma aiderait à le surmonter, car au moment du trauma le lobe frontal ferme boutique.»

L’introspection est libre et ouverte : «le soi est une donne chromosomique sur laquelle sont accrochées des fictions».

 
Design by Orkeis